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Saladin Sane
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2 avril 2009

Elena Alice et la triste histoire du sexe (1)

  C’est le 21 janvier 2009 que se produit un événement qui,s’il ne va pas changer ma vie (quoi que), me motive au moins pour écrire un article. Ce jour là, je découvre je ne sais plus comment le site Myspace de SPECTRA Paris. Je connais ce groupe depuis fin 2007, grâce au magazine D-SIDE dont le CD joint comprenait Spectra Murder Show – morceau sublime actuellement sur ma page. Je n’avais jamais vu la chanteuse du groupe- ELENA ALICE FOSSI – mais je me souviens de mes amis Morphoex et DJ-croque-mort qui s’exclamaient sur son indécente beauté. Je ne savais pas, à l’époque, à quel point c’était un euphémisme… Je demande alors Spectra Paris en amitié – réponse favorable le jour même - et reçois dans la foulée le commentaire suivant :

CIAO SALADIN S.,

YOUR VISIT IS MUCH APPRECIATED!

GLITTERIN' GREETZ FROM THE

SPECTRA*L ALIEN ROBOZONE!!!

ELENA ALICE (SPECTRA*paris)

Qu’une amitié myspacienne accordée pour la 6793e fois soit un évènement « much appreciated » a déjà quelque chose d’excessif pour la poignée d’internautes qui ne fantasment pas encore sur ce genre de pseudo-reconnaissance où l’on se retrouve noyé dans la masse des anonymes dont l’artiste n’ira probablement jamais visiter la page et dont il n’attend rien sinon de la pub et l’achat de quelques CD. Mais cette caractéristique classique de myspace – chacun devenant l’ami de n’importe qui dont il ne connaîtra la plupart du temps à peu près rien – reste négligeable en comparaison de la photo  accompagnant le commentaire de la divine Alice, qui me faisait le plaisir de me montrer son cul – mini short et tenue de cuir moulant à se cogner la tête contre les murs…

       

Une analyse superficielle glorifierait ce genre d’évènement – appel au sexe, libération des mœurs… plaisir de l’instant (ce à quoi correspond plutôt la vision d’un cul pareil). Malheureusement, une fois passé l’électrochoc bien légitime pour tout hétérosexuel mâle « normalement » constitué, cet évènement n’était rien d’autre que le symbole d’une époque en vérité bien triste

Dans la séduction plus saine de l’ancien temps, la femme offrait ses appâts à l’homme avec parcimonie – les occasions étaient plus rares et les déceptions aussi. Mais l’occident moderne, par le biais des médias et de la publicité, a surexploité le pouvoir d’attraction du corps féminin dans le souci d’hypnotiser le consommateur – ce qui n’est pas sans danger pour l’épanouissement sexuel du mâle hétéro, et plus généralement pour celui de la sexualité tout court.
En réalité, cette surexposition féminine délétère n’était qu’une étape dans la longue déchéance du sexe.  Je tenterai donc une brève historique de la libido ainsi qu’un comparatisme culturel indispensable dès qu’il s’agit de montrer que tout ne va pas de soi au pays de Meetic et du Viagra.

SEXUALITE ANIMALE : LA OU LE MALE S'EN PREND DEJA PLEIN LA GUEULE

La sexualité commence avec la mort – C’est là l’origine du fameux couple Eros-Thanatos. C’est quand les cellules ne se reproduisent plus simplement par clonage que l’échange sexuel apparaît. Il est d’abord échange de gènes, le brassage des chromosomes assurant une diversification de la vie et des capacités d’adaptation qui permet de mieux résister aux catastrophes éventuelles – alors qu’une vie uniforme prend le risque de disparaître entièrement. La perception du plaisir sexuel comme piège, subterfuge de l’espèce pour se perpétuer, est un classique, au moins depuis Schopenhauer...............

Dans cet univers devenu sexuel, on voit classiquement le mâle comme celui qui conquiert la femelle en la brutalisant, archétype d’une violence dont on ne veut plus. Il est vrai que de tous temps l’histoire fut écrite par les vainqueurs. Et que notre époque est plus qu’aucune autre celle  du féminisme triomphant...............

Car ce mâle des premiers âges quel était-il ? Si la sexualité était cet insidieux piège décrit par Schopenhauer et tant d’autres, le mâle en était la dupe jusqu’au ridicule. 
Dès que la vie animale se complexifie un tant soit peu, la réalisation sexuelle passe par la nécessaire étape de la séduction. Mais dans ce jeu, tout sauf gratuit, c’est le mâle qui passe à la caisse. Il doit d’abord, la plupart du temps, initier ce jeu de la séduction auquel la femelle décide ou non de répondre. Ses chances de succès dépendront surtout des signes de vitalité, de bonne santé, que la femelle décryptera par l’intermédiaire des canaux visuels, olfactifs, etc. et qui potentialiseront les chances d’avoir une bonne descendance. Equivalent ancestral de l’homme propose la femme dispose. La femelle animale sélectionne donc les gènes les plus performants parmi une cohorte de mâles qui ne le sont pas toujours. C’était pourtant pas faute d’essayer…..............

Chez des oiseaux comme la gélinotte des armoises, une cinquantaine de coqs vient implorer les faveurs des femelles dans une parade proche de celle du paon. A la fin de ce triste spectacle, ces dernières sélectionnent une poignée d’élus – la majorité revenant bredouilles.
De nombreuses espèces de rongeurs, comme l’Onycromys d’Amérique du Nord, chantent pendant des heures et des heures à la recherche de partenaires.
Le pauvre mâle baleine appelle sa compagne pendant des lustres, contraint de chanter en poirier – queue en bas et tête en l’air.
Chez le caméléon méditerranéen, la femelle snobe son prétendant en restant accrochée aux arbres – contraignant monsieur à jouer les acrobates dans une improbable fornication trapéziste.  
Chez la mante religieuse, les mâles les plus chanceux ont le temps de s’accoupler avant de finir en casse-croûte - madame dégustera d’abord la nuque par petites bouchées et ne laissera que les ailes. L’entomologiste français Jean-Henri Fabre dit avoir assisté à ce genre de cérémonie morbide chez la même femelle jusqu’à 7 fois en l’espace de 2 semaines. Dans cette incroyable vidéo, vous verrez le mâle continuer l’accouplement alors que la femelle lui à déjà arraché la tête !

       

............ ..

Chez les lucioles, certaines femelles imitent les signaux lumineux de leurs voisines afin d’attirer les mâles et de les dévorer.
Chez les araignées, qui n’a déjà vu ces documentaires où le mâle tente de monter une femelle que sa période féconde a rendu énorme ?
Il le fait au péril de sa vie – car si sa « promise » le détecte, elle le dévorera tel un moucheron. Le mâle de l’araignée Nephila doit prudemment avancer sur la toile en émettant les bonnes vibrations sous peine d’être
incorporé au menu.

Ces femelles font en outre la preuve du plus mauvais goût :
La femelle salamandre d’Amérique du Nord choisit son mâle en fonction de la qualité de ses excréments, qu’elle examine avec minutie. Le gnou quant à lui délimite son territoire grâce à ses déjections dans lesquelles viennent se rouler les femelles transies d’amour. 

Mais ce n’est pas tout. Car la femelle est aussi un redoutable animal politique, maîtrisant mieux que personne le vieux précepte du diviser pour mieux régner. Car les mâles, loin de s’unir dans cette conquête souvent épuisante et éphémère, s’affrontent pour la femelle dans une violence qui peut aller jusqu’à la mort. Des rituels se mettent en place – quand les gorilles se fixent dans les yeux et commencent à se frapper la poitrine c’est très mauvais signe… malgré son pénis de 5 cm. Le vainqueur disposera des femelles qu’il pourra monter à tous moments, tandis que le mâle dominé devra attendre que le boss s’éloigne suffisamment longtemps de la horde pour tirer.

Le coït lui-même n’a souvent rien d’épatant. Chez les insectes, le mâle est la plupart du temps contraint de jouer les éjaculateurs précoces avant de rendre le dernier soupir. Mais est-il vraiment moins chanceux
que le vison qui doit parfois limer 7 heures durant, ou la grenouille pendant 24. La palme en revient aux criquets et aux libellules qui doivent se cramponner des jours entiers à leur partenaire… et meurent fréquemment d’épuisement.

Après tant d’épreuves, on comprendrait que le mâle n’y rajoute pas l’élevage de sa progéniture et ne se fasse pas prier pour aller voir ailleurs. Et pourtant ! Les clichés féministes ont la vie dure. Plus en tous cas que celle de ces mâles qu’ils pourfendent. Il suffit de citer le manchot empereur - père dévoué – les poissons combattants qui construisent le nid et veillent à la protection des alevins ; l’albatros, l’autruche, le kiwi ou le pingouin – qui couvent les œufs – tandis que le crapaud accoucheur et l’hippocampe vont jusqu’à assurer la gestation, pendant que dans chacun de ces cas leurs femelles vont… convoler ailleurs.

Dans cette longue épreuve humiliante et dangereuse qu’était le sexe, une poignée de mâles se distinguait pourtant – prêt qu’ils étaient à venger leur comparses dans un sursaut d’orgueil viril. Lassés des affres de la séduction, les mille pattes en restent à la force brute - les bourdons des déserts d’Amérique du Sud copulent avec des femelles à peine écloses – Le solifuge, modèle de virilité pour son cousin l’araignée, frappe sa compagne sur le sol avant de lui introduire sans ménagement son sac de spermatozoïdes. Plus subtils encore, certains insectes et serpents copulent avant de déposer sur la femelle une substance qui la rendra repoussante pour les mâles suivants – fidèle malgré elle.

Mais il y avait mieux encore – l’animal qui plus que tout autre portait l’étendard de la révolte : le Cimex lectularius, plus communément appelé punaise de lit. Que ceux d’entres vous qui - détenteurs d’animaux domestiques ou d’un habitat propice - sont parfois confrontés bien malgré eux à ce genre d’animal leur témoignent dorénavant le plus grand respect. Car la punaise de lit réhabilitait jusqu’au grandiose cette dignité masculine trop souvent bafouée par les choses du sexe. Copulant parfois plus de 200 fois par jour, la punaise mâle pouvait s’enorgueillir d’un pénis perforateur, longue corne pointue qui, loin de cette monolithique et ennuyeuse obsession pour le vagin s’en donnait à cœur joie et transperçait la femelle de part en part – sexe, tête, dos, cœur, ventre, etc. – cette dernière, loin de souffrir de l’opération, accueillait sans broncher d’hallucinantes quantité de sperme (s’ils avait taille humaine, le pénis de la punaise en expédierait trente litres par éjaculation) Le jet est lui-même si puissant qu’il peut transpercer à distance la carapace de madame. Virilité flamboyante dont la mante religieuse ferait bien de s’inspirer… Et rendons hommage à Bernard Werber et à sa brillante Encyclopédie du savoir relatif et absolu pour cette si belle histoire – et bien d’autres.

..............

Voyant que le mâle finirait bien par se rebeller - et risquait de plus en plus de suivre l’exemple du mille pattes ou de la punaise – la femelle se décida enfin à faire quelque effort, parmi lesquels celui de devenir enfin entreprenante. Cet événement fondamental apparaît chez les singes, la femelle invitant le mâle à des séances d’épouillages qui ne sont souvent que des préliminaires aux activités de masturbation, fellation et
autres joyeusetés où se mélangent rapports hétéros et homos, jeunes et vieux, dans ce qui est peut-être le paroxysme démocratique de toute l’histoire du sexe – et où les bonobos sont les plus représentatifs.

       
Bonobo - Mating Animals
envoyé par armand14


A noter que cette libération sexuelle apparaît déjà en bonne partie chez les mammifères, qui pratiquent onanisme, fellation et sodomie – tels chats, chiens, porcs, porcs-épics ou éléphants – Madame caressant même de sa trompe ce volumineux pénis d’un mètre et demi – qui malheureusement ne résistait qu’une poignée de secondes.


Dans la longue chaîne de l’Evolution, les mammifères et primates – ascendants les plus proches de l’Homme – avaient  montré la voie d’une sexualité enfin débridée où la femelle jouait son rôle à part entière. L’apparition de l’espèce humaine semblait donc placée sous les meilleurs auspices – le nom de ses premiers
représentants – homo erectus, homo habilis – n’était-il pas une référence à peine voilée à ses habiletés phalliques ? Pour le suivant – homo sapiens, littéralement homme pensant - les psys avaient déjà des doutes, voyant l’émergence de la pensée comme une barrière à la nécessaire spontanéité du sexe.

L’époque paléolithique est un grand éloge au sexe féminin, fréquemment représenté dans les grottes et qui se distingue de celui de ses ancêtres par la proéminence de ses lèvres vulvaires  ainsi que par l’apparition des poils pubiens – ce qui n’est pas pour déplaire à l’homme. La femme est également sculptée – sans préférence morphologique particulière, puisque les statues sont tantôt adipeuses, ventre et hanches énormes – tantôt filiformes, dans une sorte de représentation avant la lettre et exagérée de l’éternel dilemme masculin entre la maman et la putain. Mais il est très vraisemblable que la femme de l’époque soit plutôt svelte…

En plus d’être svelte, la femelle humaine a ceci d’unique qu’elle est sexuellement réceptive toute l’année, n’étant plus limitée à des périodes de « chaleurs » –du moins en théorie.
Tout paraît donc en place pour que l’histoire de l’humanité soit une célébration du sexe, qui fut trop longtemps une guerre impitoyable chez les animaux de l’ancien temps.
Hélas, le destin allait en décider autrement. Vous le saviez déjà, mais reste à expliquer comment on en est arrivé là...

                   A suivre

                                    Saladin Sane

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Commentaires
P
j'ai bcp rit aussi ! :)
A
bravo, j'ai vraiment bien ri !
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