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Saladin Sane
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31 mars 2009

LA FABLE DES EPROUVETTES

Mars 2008. Elsa - grande amie toulousaine - lance l'idée d'un concours inspiré d'une émission de France Culture, Les Papous dans la tête. Le principe consiste à tirer au sort deux noms du dico, qui vont servir de base à une fable traditionnelle (forme versifiée et morale à la fin).

C'est ainsi que furent sélectionnés les mots suivants : flétan et éprouvette. J'appris que le flétan était un poisson - et j'eus l'occasion d'en apprendre un autre : ichtyologue - qui est le scientifique étudiant les poissons - nom trop peu connu compte tenu de sa sonorité très poétique. Je vous encourage donc à l'utiliser davantage dans vos conversations. Quand à éprouvette, vous en connaissez probablement le sens depuis ces expériences du collège, où ce tortionnaire d'enfants qu'est souvent le prof de physique tentait de vous apprendre la subtile manipulation de ces "tubes de verre fermés à un bout, destinés à des expériences chimiques" (Larousse).

Voici ce qui est sorti de ma scripturale éprouvette :


Le flétan et l'éprouvette

Remarquant un pêcheur, le savant se dit
Qu’il venait de faire fort belle prise
Qu’il aimerait de son poisson faire l’analyse
L’ausculter et en faire un rapport érudit
Qui sentirait bon la mesure et l’éprouvette
Pour peu qu’il puisse s’approprier la bête.

«Ce poisson, il me le faut disséquer
En ichtyologue observer ses arcannes
Séparer moult os et moult organes
Et qu’en détails tout soit répertorié »
Un travail innovant il aurait à faire
Qui le ferait jalouser de ses confrères
Car après quelques mois d’efforts, peut-être un an
Il y aurait, portant son nom, un nouveau flétan

Mais à ces projets le pêcheur ne voulu rien entendre
Et en aucun cas le flétan ne voulait vendre
« Que mon poisson finisse en éprouvette
Je vous épargne, monsieur, ce grand gâchis
Celui-ci finira dans mon assiette
Tenez-vous le pour dit ! »

Le chercheur trouva bien regrettable
Que pour le  plaisir d’un simple repas
Soient détruits les secrets du poisson plat
Et traita le pêcheur de misérable
Avant soudain de retenir sa haine
En se rappelant la fable de La fontaine
Et sa morale, mi-comique mi-amère
Résumée en ces simples vers :
« Quel esprit ne bat la campagne ?
Qui ne fait château en Espagne ?
Chacun songe en veillant, il n’est rien de plus doux »
Quand un tel met se fait si désirable
Science et instinct sont bien inconciliables
Gourmand, curieux, chacun a sa manie
Qui paraît à l’autre pure folie
Car si Science acharnée met faim en veille
Le ventre affamé, lui, n’a pas d’oreilles
En gastronome son appétit on fait respecter
Et du flétan  fera grande platée.

Mais le chercheur, un jour, se vengerait
Et ne reculerait devant aucune sorte de mal
Pour subtiliser s’il le fallait le précieux animal
Et, singeant le renard de la fable, s’esclaffer :

« Apprenez que tout ichtyologue vit aux dépends du gourmet qui l’écoute
Cette leçon vaut bien un flétan sans doute »
C’est alors qu’un pêcheur, honteux et confus
Jurerait un peu tard qu’on ne l’y reprendrait plus.


                        
Saladin  Sane

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Commentaires
G
je tombasse sur ce blog (salad)insane...
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